A rialtà super' a fantasia

Reportage, Lampedusa 2023.

[IT]

Uno sbarco di quaranta persone; le camionette partono, l’ambulanza e il personale medico sanitario partono, ogni gruppo di lavoro nelle proprie macchine di servizio; tutti verso il molo Favaloro. La gente passa, ognuno fa cose. Ne arrivano cento, ne arrivano mille. Ne. L’estate dei record quella del 2023: 46 arrivi in un giorno a giugno, 67 ad agosto, più di 100 in un solo giorno a settembre. Appena arrivato, mi sono chiesto a cosa servissero le immagini degli arrivi da Lampedusa: solito angolo prospettico, stessa inquadratura, persone che non parlano mai direttamente con la stampa. La gente arriva, la Cp carica di gente approda al molo, dis-imbarco, autobus. La terrazza alla fine di via Roma apre sul porto e sul molo Favaloro, sulle CP, sulle navi della Guardia di Finanza.


Sarà il monopolio delle prefetture sulla gestione delle migrazioni che rende impossibile ogni incontro con le persone che arrivano senza documenti; sarà che, nel lungo periodo, lottare contro la segregazione istituzionalizzata è insostenibile così tutto questo accade – quotidianamente - e scivola via. Immagine: Palco della cerimonia per la tragedia del 3 Ottobre 2013, interventi dei superstiti, voci di liberali benpensanti criticano le politiche di non assistenza, giornalisti, NGOs. Sullo sfondo uno sbarco autonomo al favaloro di un barchino in ferro partito da Sfax; una CP con un cadavere ritrovato sugli scogli, putrefatto, senza busto.


Gli sbarchi, a Lampedusa, sono totalmente scaricati della loro quintessenza politica; appartengono, piuttosto, al dominio dell'estetica. Le immagini, nella maggior parte dei casi, non spezzano questo processo bensì lo blindano. Estetizzare il politico, fissarlo; immagini che non servono a dubitare bensì ad accettare quello che si vede. Così, in questo stesso ordine, è possibile pensare (solamente pensare) di far entrare più di 2000 persone in uno spazio pensato per crica 400 durante afose giornate d’estate; o pensare di far viaggiare per ore centinaia di persone su una nave militare riparate dal sole con delle coperte termiche! Oppure pensare che per una persona che ha appena perso sua figlia la cosa necessaria da fare è una pre-identificazione. E’ per questo che se una persona appena sbarcata arriva in hotspot e chiede “dov’è la mia stanza” è ridicola: le stanze (una certa cura), sono solo per i bianchi, ya madame! 


“A rialtà super’ a fantasia”, ossia tutto quello che vedi è normalizzato. Le immagini della serie intrecciano eventi e concetti senza rispetto cronologico. Le foto sono state realizzate durante il periodo passato a Lampedusa con l'associazione Maldusa e ne hanno accompagnato i report e le informazioni di quello che accadeva sull'isola circa gli eventi legati alla gestione della migrazione.



[FR]
Un debarquement de quarante personnes ; les camions partent, l'ambulance et le personnel médical partent, chaque équipe dans sa voiture de service ; tout le monde se dirige vers l'embarcadère de Favaloro. Les gens passent, tout le monde fait des choses. Cent personnes arrivent, mille personnes arrivent. Ne. L'été record de 2023 : 46 arrivées en un jour en juin, 67 en août, plus de 100 en un seul jour en septembre. Dès mon arrivée, je me suis demandé à quoi servaient les photos des arrivées de Lampedusa : l'angle de vue habituel, le même cadrage, des gens qui ne s'adressent jamais directement à la presse. Les gens arrivent, le Cp chargé de monde débarque à l'embarcadère, le débarquement, les bus. La terrasse au bout de la Via Roma s'ouvre sur le port et la jetée de Favaloro, le CP, les bateaux de la Guardia di Finanza.

C'est peut-être le monopole des préfectures sur la gestion des migrations qui rend impossible toute rencontre avec les personnes arrivant sans papiers ; c'est peut-être aussi parce que, à long terme, la lutte contre la ségrégation institutionnalisée n'est pas viable, que tout cela se produit - quotidiennement - et s'éclipse. Image : Scène de la cérémonie pour la tragédie du 3 octobre 2013, discours de survivants, voix de libéraux bien intentionnés critiquant les politiques de non-assistance, journalistes, ONG. En arrière-plan, un débarquement autonome à la favaloro d'une barge en fer en provenance de Sfax ; un CP avec un cadavre trouvé sur les rochers, pourri, sans torse.

Les arriveés, à Lampedusa, sont totalement vidés de leur quintessence politique ; ils appartiennent plutôt au domaine de l'esthétique. Les images, dans la plupart des cas, ne brisent pas ce processus mais le blindent. Esthétiser le politique, le fixer ; des images qui ne servent pas à douter mais à accepter ce qui est vu. Ainsi, dans ce même ordre, il est possible de penser (seulement penser) à faire entrer plus de 2000 personnes dans un espace prévu pour environ 400 personnes par des journées d'été étouffantes ; ou de penser à faire voyager des centaines de personnes pendant des heures sur un navire militaire protégé du soleil par des couvertures thermiques ! Ou de penser que pour une personne qui vient de perdre sa fille, la chose nécessaire à faire est une pré-identification. C'est pourquoi si une personne fraîchement débarquée arrive au hotspot et demande "où est ma chambre", c'est ridicule : les chambres (certains soins), sont seulement pour les blancs, ya madame !

"A rialtà super' a fantasia", c'est-à-dire que tout ce que vous voyez est normalisé. Les photos de la série entremêlent des événements et des concepts sans respect de la chronologie. Les photos ont été prises pendant mon séjour à Lampedusa avec l'association Maldusa et accompagnaient leurs rapports et informations sur ce qui se passait sur l'île en ce qui concerne les événements liés à la gestion de l'immigration.